Olympique 2024 et le défi de hijab pour les athlètes musulmanes

11:23 - September 21, 2023
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PARIS(IQNA)-Un journaliste sportif a abordé ce qui pourrait se passer lors des Jeux olympiques d’été de 2024 à Paris pour les athlètes musulmanes en hijab, alors que la France a l’habitude d’imposer l’interdiction du hijab dans le sport.

La première édition des Olympiades d'été a eu lieu en 1896 à Athènes, en Grèce, impliquant 241 athlètes de 14 pays, tous de sexe masculin et européens, australiens ou américains.

Plus d'un siècle plus tard, le Comité international olympique a fait des progrès significatifs en faveur de l'inclusivité, englobant diverses races, nationalités, religions et capacités dans les Jeux olympiques et paralympiques.

Cependant, à l’approche des prochains Jeux d’été de Paris 2024, ils ne manqueront pas de déclencher un discours passionné autour des véritables valeurs du sport sur et en dehors du terrain.

En raison de sa doctrine fondamentale de laïcité, une interprétation dure de la laïcité, la France reste l'un des rares pays à interdire aux femmes musulmanes de porter le hijab dans l'espace public et dans l'arène sportive. Le mois dernier, il a même été interdit aux filles de porter l'abaya dans les écoles, et nombre d'entre elles ont été renvoyées chez elles en raison de leur tenue religieuse.

المپیک،‌میزبانی پاریس و نکات ناخوشایند از ممنوعیت حجاب ورزشکاران

Désormais, une question cruciale se pose donc sur Paris 2024 : la France, tout en accueillant cette compétition internationale, continuera-t-elle à faire respecter les restrictions qu'elle impose à ses propres citoyens ? Tentera-t-elle d'étendre son interdiction aux athlètes d'autres nations également ?

Nous avons assisté à un avant-goût de cet affrontement imminent plus tôt cet été lors de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA 2023 en Australie et en Nouvelle-Zélande. Nouhaila Benzina, une défenseure marocaine, est entrée dans l'histoire en tant que première footballeuse à porter un hijab lors d'une Coupe du Monde de la FIFA.

Bien qu'initialement remplaçante lors du match d'ouverture du Maroc contre l'Allemagne, elle a ensuite joué un rôle central en renforçant la défense des Lionnes de l'Atlas avec des performances exceptionnelles.

En France, cependant, les chaînes de télévision de droite et sensationnalistes comme CNEWS et BFM TV ont fourni des plateformes aux polémistes pour critiquer et rabaisser Benzina.

"Le hijab signifie qu'une femme doit être prude et je reconnais que c'est une régression incroyable", estime le journaliste Philippe Guibert.

La France reste le seul pays au monde à interdire le hijab sur les terrains de football, sur la base de son interprétation de la laïcité. Plus tôt cette année, le Conseil d'État a confirmé l'interdiction après qu'elle ait été contestée par des footballeurs de base, affirmant qu'il était permis d'« éviter les affrontements ».

Depuis que le hijab est devenu un vêtement autorisé par la FIFA sur le terrain de football en 2012, il n'y a jamais eu d'incident où il ait provoqué un affrontement ou une confrontation.

En réponse aux réactions négatives mondiales, les partisans de la position française, comme la célèbre physicienne et féministe française Annie Sugier, citent souvent l'article 4 des statuts de la FIFA et l'article 50.2 de la Charte olympique comme preuve que les organismes sportifs internationaux eux-mêmes ont des justifications pour interdire le port du hijab dans leurs lois.

L’argument avancé par Sugier est précaire. Par exemple, on voit mal comment l’article 4 des statuts de la FIFA, qui interdit toute forme de discrimination, pourrait être interprété comme un argument pour interdire le hijab sur le terrain de jeu.

En fait, on peut certainement affirmer que l’article 4 constitue un argument plus fort en faveur d’autoriser les footballeuses à porter le hijab plutôt que de l’interdire.

L'article 50.2 de la Charte olympique est un peu plus complexe.

On y lit : "Aucune sorte de manifestation ou de propagande politique, religieuse ou raciale n'est autorisée sur les sites, ou autres zones olympiques."

Quiconque a une connaissance même superficielle de l’histoire des Jeux Olympiques sait que les manifestations politiques et raciales ont toujours existé, tant au niveau des États qu’au niveau individuel.

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En fait, les athlètes en protestation ont souvent vécu certains des moments les plus positifs et les plus mémorables de l’histoire olympique. Par exemple, tout le monde a vu le salut du Black Power de John Carlos et Tommie Smith en 1968, pour protester contre l’injustice raciale en Amérique.

Il existe même des mouvements modernes qui cherchent à abolir l’article 50.2 et à promouvoir un activisme des athlètes conforme aux idéaux de la Charte olympique.

L’autre problème central de l’article 50.2 est sa formulation. Qu’est-ce qui constitue exactement de la propagande ? La décision personnelle concernant la longueur de l’uniforme d’un athlète en fait-elle un propagandiste religieux ?

Selon de nombreux responsables politiques français, c’est effectivement le cas.

La ministre française des Sports Amélie Oudéa-Castéra et l'ancienne ministre déléguée chargée de la Citoyenneté Marlène Schiappa ont toutes deux affirmé que la principale justification de l'interdiction du hijab dans le football était d'étouffer dans l'œuf le prosélytisme.

Personnellement, je n’ai encore vu aucune footballeuse voilée tenter de convertir activement ses coéquipiers ou adversaires sur le terrain.

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Par ailleurs, quiconque connaît le football français sait que le terrain de football n’est pas religieux. Les footballeurs masculins de toutes les religions prient ouvertement avant, pendant et après les matches et personne ne lève un sourcil.

Il n’est pas rare de voir des joueurs catholiques croiser la poitrine en entrant sur le terrain, ou des joueurs musulmans faire une sajda de gratitude après avoir marqué un but.


Pendant des décennies, de fervents footballeurs musulmans ont laissé pousser leur barbe et porté des leggings en spandex pour couvrir leur corps, mais c'est le morceau de tissu supplémentaire sur la tête d'une femme qui semble avoir déclenché le déclic.

Et c’est là le cœur du problème.

Les partisans diront qu’une interdiction du hijab défend la laïcité ou prévient les affrontements, ou même qu’il s’agit en quelque sorte d’une question d’hygiène.

Mais la vérité nue et inconfortable est que l’interdiction du hijab en France relève bien plus d’une obsession du contrôle du corps des femmes et du refus aux femmes musulmanes de s’exprimer librement que d’une volonté de préserver la neutralité dans le sport.

Si une telle interdiction est maintenue pour les Jeux de Paris 2024, elle pourrait affecter plusieurs athlètes de classe mondiale. Les Jeux Olympiques précédents ont ouvert la voie à des athlètes emblématiques du hijabi, telles que les médaillées de bronze égyptiennes Hedaya Malak et Giana Farouk, ainsi que l'escrimeuse américaine Ibtihaj Muhammad.

Ces trois-là, parmi tant d’autres, sont devenues des modèles positifs pour les petites filles du monde entier. Mais cela ne serait jamais arrivé si on leur avait interdit de participer aux Jeux olympiques pour la simple raison de leur foulard.

Alors, que fera le Comité International Olympique si la France insiste sur une interdiction générale du hijab pendant Paris 2024 ? Jusqu’à présent, aucune réponse ni position officielle n’ont été publiées.

Pourtant, plus cette question restera en suspens, plus elle sera préjudiciable aux femmes musulmanes en France et dans le monde, qui se demandent si la communauté internationale les soutiendra dans cette atteinte à leur liberté.

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