Algérie : les zaouïas du Touat facteurs la modération et le juste milieu

9:45 - September 17, 2018
Code de l'info: 3467329
Les multiples zaouïas et écoles coraniques disséminées à travers le territoire du Touat (Adrar) se sont de tout temps employées à faire prévaloir, outre leurs missions d’enseignement coranique et religieux, les valeurs sublimes de l’Islam, notamment la modération et le juste milieu, puisées du référent religieux national, ainsi que le rayonnement de la coexistence sociale et de la paix sociale.

Cette spécificité marquant les zaouïas a contribué largement à l’ancrage d’un système social homogène et cimenté, fondé sur les contributions et valeurs des ancêtres en matière de tolérance, d’amour, d’entraide, de paix sociale et de coexistence, que témoigne encore tant de spécificités et de traditions sociales ancrées dans la région, explique Cheikh Abdelkrim Debbaghi, membre du Haut conseil islamique.


Pour lui, "nul ne peut nier la mission grandiose assumée par les zaouïas et écoles coraniques disséminées à travers le territoire de la région dans le fondement de la cohabitation dans la paix et la stabilité, une condition ayant favorisé l’attrait vers le Touat de populations d’horizons divers et leur sédentarisation dans la région".

Egalement Imam de la mosquée "Ali Ben Abi Taleb" à  Reggane (Sud d’Adrar), le cheikh a, pour corroborer cette thèse, mis en avant les importants rôles joués par les Choyoukh et Ouléma de la région, à leur tête le défunt Cheikh Sidi Mohamed Belkebir, dont les efforts ont été couronnés par la formation de plusieurs promotions d’apprenants coraniques et d’Imams.


Ces derniers se sont, à leur tour, attelés à la consécration et la diffusion des préceptes de la religion islamique, dont la modération et le juste milieu, inspirés du saint Coran et de la Sunna (conduite du prophète Mohamed QSSSL), organisant la vie de l’individu et de la société selon un système cohérent, loin de l’extrémisme, de l’exagération ou de la violence.


Pour Cheikh Debbaghi, "la région a réussi, grâce à ces caractéristiques religieuses et à ses institutions socioreligieuses, à épargner à sa société toutes formes de conflits et de violence qu’avaient connues d’autres régions du pays durant différentes étapes douloureuses, avant d’appeler à tirer les enseignements de cette caractéristique et d’œuvrer à revivifier les missions des zaouïas en tant que centres de rayonnement spirituels dans la société.


"Les zaouïas et écoles coraniques de la région du Touat constituent ne diffèrent pas des autres institutions socio-spirituelles existantes à travers différentes régions du pays et ayant joué un grand rôle dans la défense de la patrie et la préservation de son référent religieux face à l’une des grandes puissances coloniales ayant occupé pour plus d’un siècle le territoire national’’, a tenu à souligner Cheikh Debbaghi.


Il a, dans le même contexte, rendu un grand hommage à l’initiative du Président de la République  M. Abdelaziz Bouteflika, portant promulgation de la loi de la concorde civile et la réconciliation nationale, inspirée des valeurs de cohabitation pacifique et constituant une valorisation de la mission de l’Algérie, ses symboles et son honorable message au monde entier en matière d’instauration de la paix et la dénonciation et le rejet de toutes formes de violence, d’extrémisme et d’exclusion.
 
Traces saillantes de la zaouïa de Cheikh Ghitaoui dans l’instauration de la paix sociale
 
La zaouïa du défunt Cheikh Moulay Touhami Ghitaoui d’Adrar a, pour sa part, laissé des traces indélébiles dans la consécration des hautes valeurs de la coexistence pacifique locale, nationale et régionale, selon les responsables de cette zaouïa encore active.


Les portes des écoles coraniques relevant de cette zaouïa sont ouvertes à la satisfaction des petits apprenants issus des différentes régions du pays et de ceux du Sahel venus apprendre le saint Coran et les véritables préceptes de l’Islam, fondés sur le juste milieu et la modération ainsi que sur le rejet de la radicalisation, de l’extrémisme et de la violence, en plus de la contribution à l’institutionnalisation d’un séminaire national sur la Sira Ennabaouia (Conduite du prophète Mohamed QSSSL) coïncidant avec la célébration du Mawlid Ennabaoui (Naissance du prophète Mohamed QSSSL), dont la première édition a été dédiée au thème de "La Culture de la tolérance dans l’Islam".


Cette institution religieuse a, dans le cadre des efforts de la réforme, également présidé, à travers son défunt Cheikh Moulay Touhami Ghitaoui, une campagne référendaire, pour le Sud-ouest du pays, sur l’initiative de la réconciliation nationale et la concorde civile prônée par le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, en plus de la supervision, au début de 2013, d’une rencontre de concertation et de dialogue regroupant les parties antagonistes du Nord du Mali, en présence de notables et de représentants des différentes parties en conflit.


Selon le chargé des archives et de la documentation à la zaouïa, Touhami Bentayeb, cette rencontre, qui s’était déroulée également en présence des représentants et dignitaires des tribus de l’Azaouad, avait constitué une avancée dans les formes de dialogues et de rapprochement des points de vues entre les parties en conflit pour le dénouement du problème et l’instauration de la paix et de la stabilité dans le Nord du Mali.


Entre-autres missions du défunt Cheikh, l’intervenant n’a pas manqué de citer des actions saillantes dans la consécration de la réconciliation entre frères Malékite et Ibadite de la population de la wilaya de Ghardaïa, par conviction spirituelle du dénouement des conflits sociaux et des réconciliations entre frères, puisée de la véritable religion musulmane appelant à la cohabitation et l’entraide entre frères d’une même société.

Zaouïa El-Bikriya… raffermissement de la fraternité et de la coexistence interculturelle


Une des anciennes zaouïas du Touat, celle d’El-Bikriya dans la région de Tamentit, fondée au 15ème siècle de l’hégire par Cheikh Sidi Ahmed Didi, jouit, de son coté, d’un place de choix au sein de la société locale mais aussi des tribus et caravanes traversant le désert algérien vers l’Afrique et le Maghreb Arabe, grâce à son rôle prépondérant dans le rayonnement des valeurs de coexistence entre cultures et de la consécration de la justice et de l’équité entre justiciables, contribuant, ainsi, à l’édification d’une région stable et pacifique.


La zaouïa s’efforce encore à faire régner les préceptes de l’islam tolérant et l’ancrage des préceptes religieux de la modération et du juste milieu, de l’amitié, de la fraternité et de l’amour de la patrie, en plus de la valorisation de la paix qui règne dans le pays, a indiqué un des fils de la zaouïa, Cheikh El-Bikri Bikri.


Ces zaouïas œuvrent communément, bien qu’occupant des aires spatiales distantes, à la propagation des valeurs de l’islam à partir de l’enseignement et l’apprentissage du saint Coran et la consécration des valeurs de modération, faisant de leurs disciples les premiers prêcheurs pour la paix, la sécurité et la lutte contre toutes formes d’extrémisme, a estimé le Pr. Ahmed Djâafri, président du laboratoire des manuscrits algériens en Afrique à l’université d’Adrar.

aps.dz

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